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Histoire et Patrimoine Huveaune Merlançon Histoire et patrimoine des vallées de l'Huveaune et du Merlançon

Les carraires de Provence

crimesdepays

En empruntant la grande carraire d’Auriol, les troupeaux de moutons passaient au-dessus de la falaise du quartier Sainte-Croix, très exactement devant la chapelle, tout en haut à droite de la carte postale. Leur trajet s’inclinait ensuite vers l’ouest (à gauche), se faufilant entre les rochers pour passer au pied du Bateau – sur la gauche, l’imposant rocher qui y ressemble – en direction du quartier de la Cluée.

 

Les carraires étaient des servitudes de passage sur des propriétés privées, consacrées à l’origine par le droit coutumier de Provence et affectées au déplacement des troupeaux transhumant de la Basse-Provence (Bouches-du-Rhône/Var) vers la Haute-Provence, les Alpes. Les propriétaires n’étaient pas dépossédés du sol sur lequel elles étaient tracées, sur une largeur au minimum de 3 cannes (6m) (D’après Jurisconsulte.net). Une largeur portée à 5 toises (10m) par délibération du parlement de Provence de 1782.

 

Cette carte géographique a été dessinée en vue de donner une idée des limites à instaurer pour appuyer la demande de séparation de la future commune de la Bourine de celle d’Auriol. Ce document de circonstance n’a pas la rigueur des cartes des services officiels. L’intérêt, pour nous, c’est d’y voir figurer un tracé, certes approximatif mais bien réel, de certains des chemins de transhumance qui quadrillaient la commune d’Auriol.

 

Dans la partie nord du secteur sélectionné, nous voyons la grande carraire qui passe au-dessus de la falaise du quartier Sainte-Croix, "devant la chapelle". Elle descend, vers l’est (à droite) en direction de La Bardeline pour obliquer vers le chemin de St-Pierre, semble-t-il par Raton. Vers l’ouest, elle s’incline en direction de La Cluée où elle débouche aux Fours-à-chaux (photo ci-après). Les troupeaux de moutons empruntaient alors, plein nord, la route actuelle pour bifurquer, par l’ancien chemin, vers l’oratoire de saint Barthélemy.

 Là, derrière l’oratoire, forte montée vers le sommet. Arrivés à ce point stratégique, les transhumants se dirigeaient :

 - soit plein sud, vers le quartier de Saint-Claude (emplacement de l’actuelle carrière) et la Nationale 560

 - soit, après avoir cheminé le long de la crête surplombant le quartier du Martrait, vers la voie de chemin de fer, entre le pont de La Destrousse et la gare d’Auriol-St-Zacharie.

 

Le CD45f au lieu-dit "les fours-à-chaux". La route arrive de la place Sainte-Barbe par la rue Cluée. La carraire venue de Sainte-Croix aboutissait sur le terre-plein situé droit devant vous. Parvenus en ce point par la colline, les troupeaux de moutons transhumants empruntaient la route montant vers leur droite et, dans un grand nuage de poussière, aboiements, cris et bêlements, gravissaient l’ancien chemin vers l’oratoire de Saint-Barthélemy.

 

Les carrairades

Sur les actes notariés, les carraires figurent, comme "confront" (point de confrontation d’un terrain), sous le nom de carreirades.

Quelques exemples.

En 1728, au quartier de Vède, une terre appartenant à Claude Estienne, "en partie arrosable, confronte du couchant la carreirade".

Au Pujol, une propriété comptant "une partie de bâtiment, haire, iscle (île) et pred (pré), appartenant à Marin Gorson, marchand, confronte du couchant le Grand chemin et la carreirade, et de septentrion l’Huveaune".

Au quartier d’Embassan (Bassan), une propriété de Joseph Ganteaume, terre et arbres fruitiers, confronte de levant la sarrière et de midi la carreirade de séparation des deux terroirs de Roquevaire et Auriol…

Arrivé à Saint-Barthélemy au débouché de l’ancien chemin charretier (c’est le sentier qui est sous la route goudronnée, près du poteau de signalisation), les troupeaux sitôt l’oratoire atteint, obliquaient pour grimper le versant escarpé de la colline et atteindre le sommet.

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