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Histoire et Patrimoine Huveaune Merlançon Histoire et patrimoine des vallées de l'Huveaune et du Merlançon

1831. Action/Réaction : la réponse d’Auriol

crimesdepays

Comme nous allons le voir, plutôt que de répondre sur le fond à la pétition de la discorde, le maire d’Auriol, François RABIER, va fournir, en préambule au conseil municipal du 3 juillet 1831, une réponse qui n’en est pas vraiment une.

LA BOUILLADISSE – Route Nationale (Coll. R. Fourmillier).

Pour en terminer avec…

 Après la longue liste des griefs formulés, à la fin du texte de la pétition du 23 avril, les signataires avancent des propositions sérieuses et argumentées, propres à entraîner l’adhésion des autorités supérieures, préfectorale et ministérielle. "Si au moins les exposants étaient dédommagés de ces sacrifices par une part dans la représentation communale. S’ils avaient dans le conseil municipal un nombre de conseillers en proportion avec leur population, un adjoint au maire choisi par eux ? Mais non, à peine sur trente membres du conseil municipal en ont-ils un seul dont la voix solitaire ne peut suffire à soutenir les droits de ses concitoyens. De pareils abus ne pourraient-ils être plus longtemps tolérés ? Les exposants déposent leurs griefs à vos pieds, Monsieur le Préfet, et vous supplient de leur en faire obtenir le redressement. Leurs réclamations ne sauraient être vaines auprès du Gouvernement libre et juste que nous avons le bonheur de posséder. Elles seront accueillies indubitablement si vous daignez les appuyer de toutes recommandations auprès de son Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur". 

 

Un nom, un territoire

"Pleins de confiance dans le succès de leur démarche, ils expriment le vœu de voir, parmi eux, passer us contro des divers hameaux et quartiers, une commune qui pourrait porter le nom de Saint-Laurent ou tel autre jugé plus commode.

Les limites du territoire projeté

 

Le territoire de cette commune borné à l’ouest par le territoire de Peypin en suivant la rive gauche du Merlançon serait séparé du territoire d’Auriol au midi et à l’est par le ravin de Bouïré jusqu’au quartier de Plan-Redon, à l’embranchement du ravin et de l’ancienne carraire   suivrait l’ancienne carraire jusqu’à l’embranchement avec le ravin et ensuite suivrait la crête de la colline de Sauveclare jusqu’à Pinchinier. Au nord, il serait borné par le territoire de Trets, Peynier et Belcodène".

 

Une commune solide et viable

"211 chefs de familles habitent le territoire et la population s’élève d’après un recensement récent exact à 909 âmes. Deux fabriques de soude, une importante fabrique d’eau-de-vie et liqueurs, une scierie, trois fabriques de carreaux et briques sont situées dans ce territoire. D’importantes mines de houille exploitées sur divers points, ajoutent leur richesse aux produite agricoles et à l’industrie manufacturière. Des ouvriers de toutes les professions industrielles, trois maréchaux ferrants, deux bouchers, deux boulangers, des marchands de comestibles, deux menuisiers, un tailleur, deux cordonniers, cinq maçons, un marchand drapier sont établis dans ce territoire. Il y a aussi deux instituteurs primaires, trois aubergistes. Quant aux revenus qu’aurait cette nouvelle commune, elle pourrait compter sur : (ici, longue liste des centimes additionnel, contributions et patentes qui se payent déjà à Auriol). La ferme du pesage et mesurage ferait aussi une grande branche de revenus. La taxe volontaire actuellement payée pour honoraires du prêtre continuerait à l’être mais sa perception en serait régularisée. Et d’ailleurs, la nouvelle commune en se séparant de celle d’Auriol, n’aurait-elle pas le droit de réclamer sa part dans les revenus communaux de cette ville, en proportion de l’importance de population de la nouvelle commune ?

Ces réponses suffiraient et au-delà, pour les dépenses annulées de la commune et quand bien même elles ne suffiraient pas, les habitants s’imposeraient avec joie un léger sacrifice qui leur donnerait l’immense avantage de n’être plus sous la domination d’Auriol et de régir et administrer eux-mêmes leurs affaires".

 

Une conclusion toute en déférence

"Tous ces motifs sont si justes, si concluants que les exposants se flattent que leur démarche sera favorablement accueillie par le gouvernement paternel de notre Roi-citoyen. Ils savent d’ailleurs que l’administration saisira toujours avec empressement toutes les occasions de saisir l’avantage des citoyens. Pleine de confiance dans votre paternelle sollicitude pour vos administrés, ils vous supplient d’être leur interprète auprès de Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur et d’appuyer leur demande de votre jouissante intercession. Vous acquerrez par là des droits éternels à la reconnaissance de vos très humbles serviteurs, les habitants de La Bourine, Bouilladisse, des Gorguettes, des Boyers, d’Engrimaud et Pinchinier."

Les autres signataires : SUZANE, Jean-Baptiste BOYER, BOYER, GIRAUD, H. BOYER, Antonio FONTANARAVA, Barthélemy GRACIA, Antoine SUZANNE, Claude RIBOT, Antoine TOURREL, Pierre GUIS, Jean-Baptiste IMBERT, Henri BOYER, Jacques BOYER, Bienvenu BOYER (raturé).

 

Réponse du maire d’Auriol

En prélude à la séance du conseil municipal du 3 juillet 1831, Le maire d’Auriol donne le ton. La meilleure défense étant l’attaque, il frappe dur : "Par lettre du 23 avril dernier, Monsieur le Préfet me donne communication d’une pétition par laquelle quelques habitants des hameaux de Bouilladisse, des Boyers et autres quartiers circonvoisins demandent que les quartiers de La Bourine, de Bouilladisse, des Boyers, des Gorguettes, de Pinchinier, de Plan Redon, de Saint Honorat, des Playes, de Bouïré et de Coutran, soient érigés en commune indépendante et séparée de celle d’Auriol à laquelle ils ont été de tout temps réunis. Monsieur le Préfet m’autorise à convoquer le Conseil pour lui soumettre cette pétition ; mais avant de délibérer sur son mérite, il est de mon devoir de vous faire quelques observations préliminaires.

 

Dès que l’Administration a eu connaissance d’un pareil projet, elle a dû s’appliquer à en connaître les causes et les auteurs parce qu’elle n’a pu concevoir que les habitants de ces quartiers fissent sérieusement une demande si évidemment contraire à leurs véritables intérêts. Il a été facile de se convaincre que cette demande n’est que le résultat d’une intrigue d’une commune voisine qui a des intérêts opposés à la nôtre : les instigateurs de ce projet chimérique sont connus et nous ne devons pas nous cacher qu’ils sont parvenus à volcaniser les têtes de quelques hommes simples et crédules en leur faisant faire une demande qu’ils savent ne pas pouvoir être accueillie, mais ils ont suscité une tracasserie à la Commue ; ils ont fait diversion à la question du Canton qui s’agite devant l’autorité compétente et leur but est rempli".

L’ancien Hôtel de Ville rue Augustine DUPUY

 

Nous voyons que le premier magistrat d’Auriol n’a pas voulu aborder de front le fond du problème ("les causes"). Pour lui, les dysfonctionnements dénoncés sont dans l’ordre normal des choses ; ils ne méritent donc pas qu’on s’y attarde plus que ça. Car l’essentiel est ailleurs ("les auteurs"). Il est évidemment plus logique de dénoncer une "intrigue d’une commune voisine" : Roquevaire. D’autant plus que de fortes oppositions existent concernant la "possession du canton" (Archives des 23 juillet et 16 décembre 2022). A ce sujet, que les voisins de Roquevaire aient voulu instrumentaliser la grogne des habitants des hameaux, c’était de bonne guerre ; là aussi dans l’ordre normal des choses.

On n’en est pas encore aux hommes simples et crédules "poussés par les ennemis naturels de la Commune [d’Auriol]", comme cela sera dit et écrit le 28 juillet 1836. Mais on s’en approche.

Txt & ill MG (c) HPHM Février 2024.

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